Septembre 2024 : où sont passés les clients ?

Voilà plus de 7 ans que je bosse à mon compte et clairement, cette année, il se passe quelque chose.

Dans la vie d'un.e freelance, certaines périodes sont vraiment charnières, et le mois de septembre en fait clairement partie. Les clients reviennent de vacances, ultra motivés, avec des tas de projets à lancer avant la fin de l’année. Les priorités de juin refont surface d'un coup.

Mais cette année, tout fout le camp.

Je suis rédactrice et pour la première fois, j'ai entendu des phrases comme "le démarrage du magazine est difficile", "les clients ont d'autres priorités", "l'attente du nouveau gouvernement a gelé les projets", "on a pas le temps en ce moment mais on revient vers toi"... C'est d'ailleurs pour pallier à ce genre d'imprévus que je travaille avec 5 clients réguliers, sans compter les missions ponctuelles. Mais lorsque 4 d'entre eux sont concernés, bah c'est la mrde, la m*erda, ou encore la Sch*iße.

À cela s'ajoute :

• des contacts entrants bien trop rares,

• des non-réponses lorsqu'on postule pour une mission,

• de nombreux freelances qui relatent des difficultés à vivre de leur activité depuis quelques mois,

• des plateformes spécialisées qui ne nous rapportent plus une seule mission.

Mais alors, où sont passés les clients ?

Quelles sont les raisons ?

L'inflation ? L'intelligence artificielle ? Le trop plein de freelances sur le marché ? Moi qui aime de moins en moins me vendre ? Je vous propose de décrypter tout ça, point par point.

1. L'inflation

Bon franchement on ne va pas jeter la pierre aux clients : c'est clair que les temps sont durs. Et comme le disait ma prof de com' en 2009 (poke Me Masure) : "en temps de crise, ce sont toujours les métiers de la com' qui sont impactés en premier"

Alors la tendance est-elle à la diminution des collaboration avec des freelances ? Pas forcément.

Je dirai plutôt que la tendance est à la prudence. Les clients ont l'air de beaucoup plus négocier les devis, de comparer les offres et de moins s'engager sur le long terme. Comme nous, les entreprises font face à des difficultés et doivent repenser leur fonctionnement. Mais à côté de ça, d'autres privilégient le recours à des freelances, moins coûteux que des recrutements en interne. C'est aussi un moyen pour elles de palier à la pénurie de talents et aux difficultés de recrutement qui se démocratisent dans tous les secteurs.

Conclusion : si l'inflation joue clairement un rôle dans cette tendance, elle n'est clairement pas responsable de tous nos maux.

2. L'intelligence artificielle

Dans de nombreux métiers, on est pleinement heurté par l'IA. Certaines missions se font plus rares car facilement déléguables par des outils comme ChatGPT. Mais franchement, c'est peut être un mal pour un bien.

À mon sens, ça permet aux freelances de se recentrer sur les contenus les plus interessants, et ça n'empêche pas d'utiliser l'IA pour s'aider. Alors certes, moins d'opportunités, mais des opportunités plus intéressantes.

Conclusion : On dit adieu aux tâches superficielles et on se concentre sur ce qui nous rend indispensables.

3. Le boom des freelances

Le marché des freelances, ça devient un peu comme celui des maisons d'hôtes. On a des étoiles dans les yeux à l'idée de gérer ✨sa propre affaire✨, de créer une décoration ✨à son image✨ et de nouer ✨des relations sincères fondées sur le partage avec les gens✨.

Mais on oublie surtout que c'est un boulot difficile, voire même ingrat la plupart du temps.

En freelance, c'est pareil. On rêve d'une vie sans patron mais on oublie que les clients sont finalement un patron à plusieurs têtes. On anticipe pas forcément les radiations inexpliquées de France Travail (lol), les bugs sur le site de l'Urssaf au moment de faire sa déclaration, la CFE qui nous rattrape la deuxième année... On n'a pas réellement conscience de l'impact de l'isolement sur la santé mentale, du stress lié à la perte de revenus, du syndrome de l'imposteur ou de comment réagir face au ghosting d'un client.

Alors lorsque l'on voit que le nombre de freelances augmente chaque année (rien qu'en 2020, près de 1 028 000 freelances supplémentaires ont été enregistrés !), on ne peut pas blâmer les entreprises de ne pas faire jouer la concurrence.

L'impression d'être une microscopique aiguille dans une botte de foin. Et pour s'en sortir, il faut savoir se distinguer, cqfd.

Conclusion : (je cherche encore)

4. Moi qui aime de moins en moins me vendre

Je pense que plus on vieillit, moins on a envie de faire semblant. Et personnellement, écrire des posts Linkedin pour montrer à quel point je suis modestement géniale, ce n'est pas trop mon truc.

Disons que le bouche à oreilles, la communication par la preuve, les services rendus et les petits coups de tel pour prendre des nouvelles sont pour moi 1000 fois plus efficaces qu'une stratégie de marketing de contenu. Mais ce n'est pas infaillible. Et en ce moment, ça ne suffit clairement pas.

Alors c'est quoi la solution me direz-vous ?

Je n'ai malheureusement pas de recette miracle mais je peux déjà vous donner une piste en employant le pire mot que cette terre ait jamais porté : l'agilité.

Oui je suis rédactrice, mais je sais aussi faire plein d'autres choses. En ce moment, je me dis que les opportunités en com' ne sont finalement pas si mal et que ma formation de developpeuse front-end pourrait m'ouvrir d'autres portes et toucher le coeur froid de mon prospect.

Si vous êtes dans une situation similaire, je peux aussi vous conseiller une chose en laquelle je crois : envoyez une bouteille à la mer !

N'ayez pas honte de dire que vous n'avez plus de taf en ce moment (c'est d'ailleurs le thème de mon post Linkedin annuel et tout le monde sait maintenant que je galère). J'estime que ça ne retire en rien à sa valeur et à la qualité de son travail. Alors, plutôt que de cacher la situation, prévenez les gens autour de vous et dîtes leur que vous recherchez des missions.

Du coup, voici ma lettre de motiv (au cas où) :

Forte de près de 10 années d'expérience, je recherche une mission en rédaction dans le secteur de... naaan, je rigole ! Je vous laisse là-dessus ;)

Bisous !